21 octobre, 2012

Uruguay : la société de psychiatrie souligne la nécessité de soigner les séquelles de l'avortement

Alors que l'Uruguay est en voie de dépénaliser l'avortement du premier trimestre – les pro-vie se mobilisant pour obtenir un référendum avant que le président ex-guérillero Mujica ne signe la loi – la Société de psychiatrie d'Uruguay vient de déplorer que la loi ne s'intéresse pas au « lendemain » de l'avortement, psychiatres et psychologues se montrant d'accord pour dire qu'il faut également un suivi après que l'intervention a eu lieu, rapporte El Pais.

Dans 10 % des cas, assure ainsi Denise Defey, « les études systématiques sont d'accord pour faire état de conséquences importantes », celles-ci pouvant se traduire  par des « douleurs pathologiques, des dépressions graves, des problèmes au niveau de la reproduction, voire des processus de psychotisation ou des intentions d'auto-élimination ».

La présidente de la Société de psychiatrie, Cecilia Idiarte Borda, précise : « L'avortement n'est pas un chemin que l'on peut parcourir sans encourir quelque blessure. »

La patiente qui a subi un avortement légal devrait selon elle bénéficier d'un soutien psychologique ou psychiatrique, selon son état personnel, et elle pense que les textes de mise en application de la loi vont prévoir un tel soutien. En l'état actuel, la loi entend obliger toute candidate à l'avortement à rencontrer un comité clinique réunissant plusieurs professionnels – médecin, assistante sociale… – et comprenant toujours un spécialiste de la santé mentale. Après avoir été informée des risques liés à l'intervention et reçu une information sur les aides qui pourraient la dissuader de choisir de mettre un terme à la vie de son enfant, la femme doit observer un délai de réflexion de cinq jours avant confirmer qu'elle veut passer à l'acte et obtenir l'opération.

« Si la femme maintient sa décision il nous paraît tout aussi important de mettre en œuvre un suivi a posteriori », affirme Cecilia Idiarte Borda.

Pour ce qui est de l'information préalable, Denise Defey a souligné son importance de cette obligation, qui avait été mise en avant par les promoteurs du projet de loi : ceux-si soulignaient qu'elle permettrait aux femmes de changer d'avis. On n'est pas obligé de croire qu'ils cherchent réellement à promouvoir de la vie, et on peut même penser que c'est une manière de faciliter l'adoption de la loi dans un pays qui demeure malgré tout profondément hostile à l'avortement. Mais peu importe. Ce qu'il faut retenir, c'est l'explication donnée par Mme Defey.

Pour elle, la décision d'avorter, prise sur le moment, dépend de mécanismes mentaux qui « ne sont pas nécessairement dictés par la volonté consciente ».

« L'impact de la nouvelle d'une grossesse non attendue engendre une succession de phases de réaction où, dans un premier temps, on ne peut pas penser et encore moins, décider librement : c'est la phase d'état de choc », dit-elle.

Au cours de la deuxième phase, « on n'arrive à voir les dimensions du problème », c'est une « négation » qui se met en place et ne permet pas de prendre une décision en fonction de la réalité. « La phase suivante – hostilité – implique le risque de ne hiérarchiser que les aspects négatifs de la grossesse, et c'est seulement au cours des dernières phases – dépression et réorganisation – de ce processus que la personne peut réellement accéder à une perception plus profonde la situation. »

Cecilia Idiarte Borda précise à ce sujet que cette phase préalable d'évaluation est nécessaire dans la mesure où souvent la femme « n'est pas sûre » de sa décision d'avorter.

El Pais souligne que le service de Santé sexuelle et reproductive du « Circulo Catolico » – cette instance catholique se trouvant obligé par la loi depuis deux ans à proposer un tel service – est « fier de signaler que sur 15 consultations ayant pour objet des demandes d'avortement, 14 ont abouti à la décision prise par la femme de ne pas mettre fin à sa grossesse ».

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