31 juillet, 2014

Ouganda : le président fait volte-face et plaide pour le contrôle de la population

Mais qu’est-ce qui a donc pu convaincre le président ougandais Yoweri Museveni à faire une volte-face radicale sur le planning familial ? The Africa Report ne tarit pas d’éloges : à la première confaérence nationale jamais organisée dans le pays, lundi, il a soutenu le lobby du contrôle de la population.
Il avait été jusqu’alors un défenseur ardent du principe selon lequel il n’est de richesse que d’hommes. Pour Yoweri Museveni, le miracle chinois reposait sur son immense capital humain. Il pensait que la croissance démographique est un excellent carburant pour l’économie.
Le voici qui consent à dire qu’au contraire, la masse des hommes, lorsqu’elle n’est pas valorisée par une formation de bonne qualité, ne peut transformer l’économie.
« Bien que je préconise une population importante, je me rends compte qu’une population de mauvaise qualité ne peut transformer le pays », a-t-il déclaré aux délégués de la conférence nationale sur le planning familial.
Les chantres de la non discrimination et de l’égale dignité de tous les hommes n’ont rien trouvé à y redire…
« Il est nécessaire que les parents aient les enfants qu’ils ont les moyens d’élever, afin qu’ils ne poussent pas comme des plantes sauvages », ajouté le président. Il se dit désormais persuadé que si les familles sont de taille « maniable », « même les dépenses seront supportables » : l’économie ougandaise en profiterait et mieux, « le planning familial, si on le combine avec la croissance et la transformation de l’économie, améliorera les vies des femmes et des enfants ». Les familles comme l’Etat s’y retrouveront en diminuant les frais pour les personnes dépendantes, a-t-il ajouté.
Avant d’accuser carrément le président de soumission au malthusianisme mondialiste, on peut souligner que les difficultés économiques peuvent être valablement invoquées pour restreindre la taille de la famille, espacer les naissances. Mais en l’occurrence il s’agit bien de promouvoir la contraception artificielle : pilule, contraceptifs chimiques de longue durée, dispositifs mécaniques qui empêchent la nidation de l’embryon conçu, préservatifs… L’espacement naturel des naissances – qui ne rapporte aucun dividende aux laboratoires pharmaceutiques – est loin d’être au centre du dispositif, si tant est qu’il en fasse partie.
La remarque sur la « population de mauvaise qualité » porte la marque d’un lobby qui depuis ses débuts eugénistes a toujours entendu limiter les naissances des pauvres, des Noirs, des populations indigènes d’autant plus gênantes qu’elles occupent des territoires aux riches sols et sous-sols.
Aujourd’hui, le « planning familial » – comprenez, le recours aux contraceptifs artificiels – touche 26,7 % de la population ougandaise, alors que le Bureau des statistiques de l’Ouganda estime à 34 % de la population le besoin non satisfait de contraceptifs dans le pays. Celui-ci connaît une croissance de population de 3,1 % annuel, selon The Africa Report : le taux mondial – vieillissement et allongement de la durée compris – n’est qu’à 1,2 %. Depuis l’accession de Museveni au pouvoir il y a près de trente ans, la population de son pays a doublé.
On peut noter ce fait qui n’y est pas tout à fait étranger : après avoir connu une prévalence de l’infection HIV et du sida impressionnante, même pour l’Afrique sub-saharienne, la politique de lutte qui a mis l’abstinence avant le mariage et la fidélité dans le mariage au premier plan, et non le préservatif, a porté ses fruits et ces taux sont redescendus. L’a-t-on jamais pardonné au président ?
Il est impossible de dire qui ou quoi a convaincu Yoweri Museveni. Mais voici quelques liens qui peuvent donner des idées. Ici, FamilyPlanning2020, une association vouée à la promotion des contraceptifs modernes, parle des 34 % de la population ougandaise (quelque 33 millions d’âmes) qui selon elle en ont besoin. Tout cela est financé par Bill & Melinda gates, USAid, l’ONU et ses agences spécialisées.
Ici, on peut lire comment le Dr Jotham Musinguzi, médecin ougandais, recevait l’an dernier un prix décerné par l’agence des Nations unies pour la population (FNUAP) pour son rôle dans la promotion des contraceptifs, ainsi que dans l’organisation du Sommet de Londres de 2012 qui a fixé ces fameux objectifs de 2020.
Ici, le même FNUAP explique comment après avoir navigué dans les
abîmes de la guerre civile et de la catastrophe économique des années 1980, l’Ouganda a su devenir « relativement paisible, stable et prospère ». Tiens : malgré l’augmentation de la population ? Eh bien oui, l’important est et reste de promouvoir l’accès à la « santé reproductive » !
Et enfin ce rapport ougandais officiel de 2008 sur les besoins non satisfaits de « planning familial » des quelque 6 millions de femmes ougandaises en âge de procréer porte en sa première page les armes de l’Ouganda – et le sigle d’ USAid : l’aide offerte par le peuple américain. Tout un symbole.

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