02 avril, 2016

Les évêques, le Premier ministre Beata Szydlo et de nombreux hommes politiques pour l’interdiction totale de l’avortement en Pologne

Beata Szydlo soutient ouvertement l'initiative provie
Une proposition de loi qui fait actuellement l’objet d’une récolte de signatures en vie d’être présentée au Parlement par voie de pétition populaire recueille une adhésion de plus en plus large. La loi polonaise sur l’avortement est déjà l’une des plus restrictives d’Europe, mais l’arrivée au pouvoir du PiS, Parti de la loi et de la justice, constitue une occasion inédite pour mettre fin aux trois exceptions qui aujourd’hui permettent d’avorter sans suites pénales. Le  Premier ministre, la catholique Beata Szydło, a déjà fait savoir qu’elle soutenait la réforme, tout comme nombre d’élus et de responsables politiques ; et aussi l’Eglise de Pologne. Ce dimanche, un court communiqué des évêques devra être lu à toutes les messes dans toutes les paroisses pour rappeler l’importance de la défense de la vie.
Les trois exceptions qui permettent depuis 1993 d’avorter dans un cadre légal en Pologne – tout ce qui reste de la loi très libérale de l’époque communiste – sont les suivantes : en cas de danger pour la vie ou la santé de la mère, quand la grossesse résulte d’un viol ou que l’enfant est porteur d’un handicap grave et irréversible ou une maladie incurable qui constitue une menace pour sa vie.
L’annonce de l’initiative a évidemment provoqué une levée de boucliers en Europe et parmi les féministes du monde entier, dont la presse s’est emparée avec enthousiasme. La proposition polonaise est dénoncée comme rétrograde, régressive voire criminelle.
Avant toute chose il faut donc rappeler quelques points précis. La nouvelle loi – rédigée par l’Institut Ordo Iuris – affirme la protection de tous les enfants dès l’instant de la conception. Mais elle précise explicitement que le médecin qui provoque la mort d’un enfant à naître en tentant de sauver la vie de la mère ne sera pas puni : c’est le cas par exemple lorsque une hystérectomie pratiquée sur une femme enceinte pour empêcher un cancer de se répande cause sans la rechercher la mort de l’enfant qu’elle porte.
La proposition ne se focalise pas non plus sur les éventuelles sanctions contre la femme qui avorte : elles sont laissées à la discrétion des juges. En revanche, elle augmente la peine pour ceux qui pratiquent l’avortement et pour ceux qui font du mal aux femmes enceintes ou qui les forcent à avorter par la ruse ou par la menace. Elle affirme aussi le devoir de l’Etat de venir en aide aux parents d’enfants handicapés ou ayant des besoins particuliers.
Il ne s’agit donc nullement d’une loi inhumaine qui ne prendrait pas en compte la détresse des femmes ou les pressions dont elles font souvent l’objet.
Le soutien de Beata Szydło a été exprimé à titre personnel : elle n’a pas voulu commenter le texte de loi proposé « parce qu’il n’existe pas encore ». Mais elle a déclaré sans hésitation : « Quant à mon opinion, celle de Beata Szydło  – oui, je soutiens cette initiative. »
C’est aussi le cas Jarosław Kaczyński, leader du PiS, qui a ajouté à propos des élus de son parti : « Si je devais faire une prédiction, je dirais que l’écrasante majorité, sinon tous, voteront pour le texte. » A la grande satisfaction de Mariusz Dzierżawski de la Fondation Droit à la Vie qui a, la première, proposé d’amender la loi en vigueur.
Du côté d’Ordo Iuris, qui a traduit cette volonté en termes législatifs, on met l’accent sur la nécessité de ce changement. « J’espère que les politiques présenteront un front moral uni », a déclaré l’un de ses juristes, Jerzy Kwaśniewski : « Si nous voulons rétablir l’ordre en Pologne, nous devons commencer par la chose la plus fondamentale : la protection de la vie humaine. »
Les Polonais y sont sensibles : la Fondation Droit à la Vie n’a pas hésiter à placarder des affiches montrant la réalité de l’avortement à travers le pays, faisant prendre conscience qu’il met violemment fin à une vie humaine.
La décision des évêques de faire lire en chaire dans toutes les paroisses, le dimanche 3 avril, une déclaration favorable au changement législatif vient agrandir les chances de l’initiative qui doit réunir 100.000 signatures pour pouvoir figurer à l’ordre du jour du Parlement.
La date de cette lecture n’a pas été choisie au hasard : la fête de l’Annonciation, Journée du caractère sacré de la vie, est solennisée cette année le lundi 4 avril, à l’issue de l’Octave de Pâques, du fait que le 25 mars coïncidait avec le Vendredi Saint.
Les évêques de Pologne soulignent qu’« en ce qui concerne la protection de la vie à naître, on ne peut pas accepter le compromis actuel ».
« La vie de chaque personne est protégée par le cinquième commandement du Décalogue : “Tu ne tueras pas !” Par conséquent, la position des catholiques à cet égard est claire et immuable : la vie de chaque être humain doit être protégée de la conception à la mort naturelle », affirme leur communiqué.
Rappelant que la Pologne fête en 2016 une année jubilaire, le 1050e anniversaire  de son baptême, les évêques demandent « à tous les hommes de bonne volonté, aux croyants et non-croyants, de prendre des mesures visant à la protection juridique complète de l'enfant à naître. Nous demandons aux parlementaires et à tous ceux qui exercent le pouvoir de prendre des initiatives et de mettre en place des programmes qui accorderaient une aide pratique aux parents d'enfants malades et d’enfants handicapés, et aussi à ceux conçus à la suite d'un viol. Que tous les Polonais prient pour la pleine protection de la vie humaine de la conception à la mort naturelle, à la fois dans notre pays et au-delà de ses frontières », conclut le texte, court et clair.
Il porte la signature de Mgr Stanisław Gądecki, archevêque métropolitain de Posnan, président de la Conférence des évêques de Pologne, de Mgr Marek Jędraszewski, archevêque métropolitain de Lodz, vice-présent de la Conférence des évêques, et de Mgr Artur G. Miziński, son secrétaire général.
Les médias occidentaux voient là une intolérable ingérence du religieux dans le politique, mais les évêques, s’ils s’expriment en tant que membres de la hiérarchie catholique, se fondent sur la loi naturelle et font appel à tous les hommes de bonne volonté. Seraient-ils les seuls à ne pas avoir le droit de s’exprimer en tant qu’hommes ?

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